Louis Bernard, le sens de l’État, la vision et l’engagement
Louis Bernard est un homme d’exception. Il fut un acteur de premier plan dans les grandes transformations et les bouleversements qui ont traversé la société québécoise depuis la Révolution tranquille. Conseiller de huit premiers ministres du Québec de tous horizons, il a contribué à façonner le Québec par sa vision et sa rigueur, tout en faisant preuve d’objectivité et de circonspection. Énigmatique pour certains, imperturbable et discret pour d’autres, il est reconnu par les personnes qu’il a accompagnées au cœur des décisions de l’État comme un allié désintéressé et loyal, mais muni d’une réelle force tranquille.
Tour à tour conseiller, chef de cabinet, secrétaire général du Conseil exécutif et négociateur spécial, Louis Bernard participe à une kyrielle de dossiers d’importance de la décennie 1960 jusqu’aux années 2000. On nommera au passage la Charte de la langue française, le financement politique, la Loi sur l’administration publique, la consultation populaire, l’accord du lac Meech, la réforme municipale de Montréal et l'Approche commune avec les Innus. Il collabore de plus à la rédaction d’importants discours dans les années 70 et 80, que ce soit le budget de l’an 1, la question référendaire ou encore les 22 conditions dans le cadre du « beau risque ».
Louis Bernard a ainsi toujours agi de manière à faire évoluer la société québécoise par améliorations successives, sans chercher à faire table rase du passé. Cette « ingénierie sociale progressive » qui lui est chère est à la base de sa pensée politique. Cherchant d’abord à corriger les erreurs plutôt qu’à mettre en œuvre une vision rêvée, voire utopique du Québec, il a travaillé à renforcer les institutions plutôt qu’à trouver des sauveurs de l’État, les premières attirant les seconds. Il a cherché à assurer une juste reddition de comptes de la part des dirigeants auprès de la population, essentielle à l’exercice démocratique du pouvoir.
Ces principes ne sont jamais acquis et trop d’États luttent encore pour les mettre en œuvre. Louis Bernard a su veiller, au cours de sa longue carrière, à ce que ces préceptes forgent l’identité de la société et de la fonction publique québécoises. Toujours soucieux d’unité, il a su rallier les positions divergentes et faire preuve d’un jugement sûr et éclairant pour ses pairs.
La 7e cohorte du Cercle des jeunes leaders est celle qui a failli ne pas être. C’est celle qui incarne l’engagement formel et renouvelé de l’administration publique dans la formation d’une relève forte pour tenir la barre de l’État québécois à travers les défis de demain. Cette cohorte a fait de monsieur Louis Bernard son emblème, celui-là même qui, à titre de secrétaire général dans les années 80, cautionnait le programme « Formacadres », que l'on peut considérer comme un ancêtre du Cercle des jeunes leaders. Louis Bernard incarne les valeurs cardinales que nous avons établies : le sens de l’État et du bien commun, la vision et l’engagement. Il fut pour plusieurs le mandarin des mandarins, titre qui lui sied fort bien, un mandarin étant d’abord et avant tout un définisseur de société.